Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Léa, je suis une femme de 33 ans, artiste et entrepreneur. J’ai eu un coup de foudre pour la céramique il y a 4 ans et j’ai tout bousculé pour en faire mon métier.
J’aime créer un univers joyeux et naturel, fabriquer des pièces solaires et amoureuses, des petites histoires à tenir dans le creux de la main.
Depuis un an j’ai le bonheur d’avoir mon propre atelier à Bordeaux dans le quartier Sainte Croix où je donne aussi des cours de tournage et de modelage.
Quel a été ton déclic pour faire ce métier, ainsi que ton parcours ?
J’ai d’abord fait des études universitaires en sciences humaines puis j’ai travaillé 5 ans à Paris comme chargée de mission/cheffe de projets dans différentes structures sociales, artistiques et culturelles.
J’ai longtemps cherché ma place et quand j’ai rencontré la céramique à 29 ans via des cours d’initiation tout a concordé. Le lien que je cherchais à créer avec le monde artistique via mon travail ne me suffisait plus, il fallait que je saute de l’autre côté de la barrière pour embrasser à 2 mains ma poésie et incarner cette vocation artistique. Au contact de ce médium j’ai très vite senti un potentiel d’identification à ce métier. J’ai trouvé avec la terre, cette matière ludique, organique, généreuse, très sensorielle et apaisante, une réponse à mon besoin d’authenticité et à ma sensibilité.
La particularité qu’offre ce matériau de pouvoir littéralement l’envelopper ou se laisser envelopper m’a offert la possibilité de faire corps avec qui je suis et avec le Monde. À partir de là j’ai tout fait pour pouvoir en faire mon métier, notamment en me formant pendant une année intensive au CNIFOP (Centre international des arts de la céramique).
Quelle est ta source d’inspiration dans ton processus créatif ?
De mon expérience, l’inspiration c’est surtout un état d’être, un rapport poreux au monde. En écrivant cette phrase j’ai trouvé intéressant le lien avec la porosité de la terre crue.
Je dirais que c’est une énergie particulière qui peut se manifester partout, tout le temps, et faire se sentir à la fois très puissant et très vulnérable, un peu comme le sentiment amoureux. Que c’est une volonté de croire aussi.
Quand je suis inspirée je me sens comme sur un fil, dans une ambivalence où je ne sais plus trop si je suis complètement dans la vie et le réel ou au contraire un peu en dehors car ça demande une hyper disponibilité qui est vouée à toucher les autres mais qui peut rendre aussi un peu indisponible.
Pour créer j’essaie de me connecter au maximum à ce qui m’anime sincèrement et profondément; être dans une forme de réceptivité active, sans juger ce qui vient, observer les informations que je capte, les accueillir, et à partir de cette arborescence aller cueillir différentes fleurs que je trouve belles ensemble et retranscrire chaque bouquet à ma manière.
Quelle est ta source d’inspiration dans ton parcours créatif ?
J’écoute beaucoup de musique, je m’intéresse à la danse, à la mode, à la création africaine contemporaine, à toute l’esthétique du bassin méditerranéen, à l’illustration jeunesse, à l’art pariétal et aux arts dits primitifs. Et puis il y a ceux qui m’accompagnent depuis l’enfance, comme Niki de Saint Phalle, Picasso, Matisse, Miro…
Pourquoi as-tu choisi d’utiliser le cœur pour ton vase loulou ?
Pour ma première collection je voulais aller à l’essentiel pour toucher le cœur des gens de manière directe, franche et affirmative. Ce cœur découpé en aplat, très simple mais très communicatif, était parfait pour donner la touche de fantaisie et de joie que je cherchais tout en restant brut et naturel.
Ce que l’on ne dit pas souvent c’est que même en sortant d’une très bonne formation pro en céramique, il faut parfois plus d’un an pour trouver comment traduire ce que l’on veut exprimer avec la terre. Comme dans tout art il faut souvent d’abord apprendre à faire compliqué pour arriver à faire jaillir ce qu’il y a de plus pur et de plus sincère en nous.
Pour ma part tout s’est éclairé quand je me suis détachée du tournage pour m’aventurer vers le modelage. J’adore vraiment tourner mais après 7h par jour sur le tour pendant 9 mois avec la pression du diplôme au bout et une exigence de technicité constamment élevée, le modelage m’a permis de retrouver le plaisir de créer et de me trouver sans me juger.
J’y ai trouvé quelque chose de plus vivant, une liberté, un caractère, une naïveté, un rapport au mouvement, et une place pour la différence ou l’asymétrie qui me ressemble d’avantage et dont j’avais besoin à ce moment là.
Esthétiquement je voulais faire émerger quelque chose de « puissant », qui passait par la hauteur, par les textures chamottées (relief sableux), et donc par le modelage. Après des mois à sortir des pièces qui ne me convenaient pas un jour je me suis laissée guider par mes mains sans intention particulière et le vase Loulou est né presque tout seul, sans effort. J’ai trouvé que le résultat sonnait juste et vrai, j’ai aimé sa présence, j’ai senti que je pouvais lui faire confiance et par ricochet cela a fait écho aussi dans vos cœurs pour mon plus grand bonheur!
Une pièce déco/ art dont tu rêves ?
J’adore les illustrations pleines de vie de @twotma;
L’effet puissant et spontanéité de l’encre noire peinte sur fond blanc, sa joie, son exaltation, son humour, sa tendresse, sa musicalité, sa singularité, son audace, sa fraîcheur, et l’abondance de sa production
Quel est ton mantra ?
Trop dur de choisir ! en voilà 3
“Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque.” René Char
“Mais Alors dit Alice, si le monde n’a absolument aucun sens, qui nous empêche d’en inventer un ??” Lewis Carroll
“C’est en faisant scintiller notre lumière que nous offrons aux autres la possibilité d’en faire autant.” Nelson Mandela
Interview réalisé en mai 2022
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